Conseil à un jeune contrebandier
négociant indépendant


Texte : Isabelle Sol
Illustrations : tirées de Star Wars Encyclopedia, aux éditions The Ballantine Publishing Group. © Lucasfilm Ltd.Texte intégral

© 1999 HEXAGONAL

   Pour un jeune esprit aventureux, il est facile de se laisser tenter par la carrière de négociant interstellaire. Ces activités, parfois illégales, ne sont pourtant pas une sinécure. Il est bon d'être averti des dangers qui guettent sur les routes de l'espace.


   Salut fiston,

   J'ai bien reçu ton holo. Alors comme ça, on ne souhaite pas suivre les traces paternelles et devenir un honorable citoyen ? Et tu appelles au secours le bantha galeux de la famille, tonton Yarky.
Transporteur indépendant    Bien sûr que mon offre d'association dans mon entreprise de transport en tous genres est toujours valable ! Tu tomberais même à pic. Avec le bazar actuel, c'est pas le boulot qui manque et avec Saam, mon équipier, on a justement décidé de s'agrandir. Grâce à un contact avec un gars chargé de la vente aux enchères des vaisseaux confisqués par les douanes, on vient d'acheter pour une bouchée de pain un second engin. C'est pas que j'aie pas confiance en Saam, mais je serais plus rassuré si mon neveu préféré gardait un oeil sur mon investissement.


L'apprentissage du métier

   Pour les premiers voyages, je vous laisserai les contrats les plus faciles, le temps que tu apprennes les bases du boulot et que vous preniez en main le vaisseau. Les cargos sullustains ont bonne réputation, mais leurs proprios ont toujours tendance à les bricoler et vaut mieux se méfier au début, le temps d'apprivoiser la bête. On peut avoir de mauvaises surprises ou de très bonnes, c'est un peu la loterie.
Les Sullustains font partis des meilleurs pilotes de la galaxie    Puis faudra aussi que tu apprennes à cohabiter avec Saam. Je ne pense pas que tu aies eu l'occasion de fréquenter des Sullustains, mais tu verras, Saam est un bon gars. Évite juste de te moquer de sa taille, car c'est toi qui auras l'air d'un géant pataud sur le cargo et il te faudra un bout de temps pour t'habituer à son humour.
   Pendant ce temps de rodage, je pourrais me consacrer aux trucs les plus rentables... Parce que mon cher neveu, faut qu'on se mette d'accord tout de suite : pas question de jouer les têtes brûlées avant que tu aies une pelletée d'années-lumière derrière toi. S'il t'arrivait quelque chose, ta mère me le pardonnerait jamais. Déjà qu'elle va être furax si tu me rejoins...
   Mais bon, même un rancor en colère ne peut étriper quelqu'un qui est à des années-lumière de ses griffes. J'espère aussi qu'à force de m'entendre raconter mes derniers exploits aux repas de famille, tu ne t'es pas fait une idée trop rose du boulot, car il faut bien avouer qu'il m'est arrivé plus qu'un peu d'oublier les mauvais passages qui n'étaient pas à mon avantage.


L'offre et la demande

   En gros, le job a deux facettes : le contrat et le voyage. Trouver un contrat n'est pas difficile, le problème est de trouver un BON contrat ! Dans la plupart des cas, l'indépendant n'est pas compétitif par rapport aux grosses compagnies, impossible de rivaliser avec elles sans bosser à perte. Faut ensuite négocier les délais. Inutile d'accepter une date de livraison intenable pour remporter le morceau, tu perds les bénefs en pénalités de retard.
Certains vaisseaux sont bricolés...    Bien sûr, si le prix qu'on t'offre est trop alléchant, c'est qu'il y a une limace dans l'astéroïde. Soit la marchandise est brûlante là où tu dois prendre livraison, soit elle le sera à l'arrivée. Par exemple, le BJT-300 est un additif alimentaire tout à fait légal sur Jurkan IV mais interdit sur Mornis II car c'est une drogue pour le métabolisme des bestioles qui y vivent. Saam a le don pour dénicher les bons plans, alors pour le moment, tu le laisses faire et tu apprends sur le tas. De toute façon, sans les bons contacts, tu perdrais ton temps (et mon argent). Cela dit, avec la meilleure volonté du monde, même en faisant attention, on peut se retrouver avec un colis brûlant. Y'a pas toujours moyen de savoir que la petite vieille qui t'a supplié de l'emmener dans le système d'à côté pour aller au chevet de son frère malade est en réalité recherchée par les impériaux. Tu peux toujours espèrer t'en tirer en plaidant l'innocence, mais il y a un certain temps déjà que le bénéfice du doute ne profite plus au suspect. Puis dans certains secteurs, faut aussi compter avec les pirates. Donc faut toujours envisager le pire quand tu voyages. Dis-toi que si le boulot était tranquille, les autorités ne toléreraient pas qu'on arme nos cargos.


Un code de conduite ?

   La plupart des gars non affranchis s'imaginent qu'on peut passer au travers de tous les ennuis en trafiquant les codes transpondeurs qui identifient tous les vaisseaux. Ben voyons. Si c'était si simple, il y a longtemps que tout le monde l'aurait fait.
   Ils ignorent que ce code est émis par le moteur lui-même et qu'à moins de le casser, y'a pas moyen de s'en débarrasser. La meilleure astuce est de superposer un autre signal qui, en se combinantau premier, donnera un autre code. Faut donc déjà trouver un fichier avec les codes transpondeurs des vaisseaux du même modèle que le tien ou assez proches. Puis trouver un code compatible et vérifier que son légitime propriétaire opère à l'autre bout de la galaxie car imagine ce qui se passera si vous demandez tous les deux l'autorisation d'atterrir au même astroport... Enfin, faut calculer le signal à superposer.
   Bref, c'est long et fastidieux, mais à envisager quand un vaisseau devient trop connu. Quant à imaginer corrompre un gars du BoSS(1) pour qu'il magouille directement les fichiers, tu oublies, personne n'y est jamais parvenu.


La fuite, une solution

Flotte Rebelle    Donc, quoi que tu fasses, un jour ou l'autre, tu verras tes senseurs t'indiquer que quelque chose approche, et toi, t'auras pas envie qu'on vienne fouiller dans tes petites affaires. C'est là qu'il vaut mieux être rapide des méninges, car on n'a que quelques secondes pour prendre une décision.
   Doit-on jouer les honnêtes marchands et espérer que les douaniers ne trouveront pas les caches secrètes où se trouve la contrebande ? se débarasser de la marchandise dans l'espace ? fuire ? faire front et combattre ? Y'a pas mal d'options et un gars astucieux en trouve toujours de nouvelles. Mais retiens le premier adage d'oncle Yarky : vaut mieux un fuyard entier qu'un héros désintégré.
   Dans tous les cas, quand il y a du grabuge sérieux, passe en hyperespace si t'en as l'occasion pour voir ailleurs si l'espace est plus dégagé. Il est toujours utile d'avoir précalculé un autre saut pour gagner de précieuses secondes.


L'argent peut faire le bonheur

Officier de la Marine Impérial    Deuxième adage : une amende n'est pas mortelle. Le premier facteur à considérer est la gravité de ce qu'on peut te reprocher. Si la marchandise est légale ou bien planquée et que tu n'as affaire qu'à une inspection de routine des douanes, tu ne risques pas grand-chose à les laisser inspecter le vaisseau.
   Souris, sois coopératif. Ils trouveront sûrement une pécadille à te reprocher et tu auras droit à une amende de quatrième classe, histoire de dire qu'ils ne se sont pas déplacés pour rien. Ils penseront que tu es réglo et ne se déplaceront peut-être pas la prochaine fois qu'ils te repéreront dans leur secteur. Évidemment, cela est valable tant que tu n'es pas fiché.
   De même, dans certains coins où la discipline se relâche, on peut tenter un pot-de-vin. Si, à l'opposé, on t'as envoyé un comité d'accueil tel que la fuite ou le combat sont impossibles, ne résiste pas et rends-toi. Toute résistance ne ferait qu'aggraver ton cas.


L'identification salvatrice

   Comme tu le vois, il est vital d'avoir très rapidement une idée de l'identité et de la force de ce qui t'arrive dessus pour prendre la bonne décision. Les senseurs sont presque toujours capables de t'indiquer le type de vaisseaux et leurs nombres. Avec ces rensignements, tu dois calculer tes chances de les distancer pour passer en vitesse-lumière, ou de les vaincre si le combat est inévitable.
Destroyer Stellaire de classe Victoire    Pour cela, il faut connaître sur le bout des doigts les capacités de ton engin et avoir une bonne idée de celles des arrivants. Rapidité, maniabilité, armement, blindage et écran défensif ? Et tout aussi important, ce qu'ils représentent : impériaux, rebelles(2), pirates, gouvernement local ?
   Souvent, le type des vaisseaux indique le propriétaire. Un croiseur léger de type "Gardien", c'est à coup sûr les douanes impériales. Ce vaisseau est rapide et maniable, bien blindé et armé avec quatre canons lasers. À ne pas sous-estimer. Si tu essaies de forcer un blocus ou si tu attires trop l'attention, l'empire peut envoyer une petite flotte avec un gros vaisseau équipé d'un rayon tracteur et d'une escadrille d'intercepteurs TIE. Les chasseurs tenteront de t'empêcher de passer en vitesse-lumière et de te rabattre vers le rayon tracteur... enfin s'ils te veulent entier, sinon ils tireront. Ces petits vaisseaux sont extrêmement rapides et maniables. Si tu les laisses te rattraper, c'est fini.


Arsenal interstellaire

Intercepteur TIE    Il existe divers modèles de TIE souvent reconnaissables à la forme des panneaux solaires. Petit truc à propos des TIE : ils ne sont pas équipés de l'hyperpropulsion. Donc si tu les croises loin d'une planète, il y a forcément un vaisseau-mère quelque part. Pour ce qui est des impériaux, ils utilisent des types de vaisseaux bien définis selon les missions, donc on les reconnaît facilement.
   Pour les rebelles, c'est moins évident car ils emploient un peu tout ce qu'ils peuvent récupérer. Mais la serie des chasseurs Ailes et les croiseurs Mon Calamari sont leurs apanage. Dois-je te présenter les Ailes-X ? Ces chasseurs rapides et maniables capables de rivaliser avec les TIE impériaux figurent dans tous les holos clandestins. Le Aile-Y, plus ancien et un peu dépassé sert encore beaucoup. Chasseur rebelle Aile-AIl y a aussi les Ailes-A, encore plus rapides et maniables que les X, mais plus fragiles. Le B est le plus puissamment armé avec trois canons à ions, deux lance-torpilles, un canon-laser et deux auto-blasters. Cela se fait bien sûr au détriment de la vitesse, mais ça reste un dangereux adversaire.
   Puis il y a tout le reste, plus ou moins identifiable, plus ou moins trafiqué. Mon propre cargo n'a plus rien à voir avec le modèle d'origine. Quand un vaisseau qui te paraît inoffensif t'approche, méfie-toi des renflements sur la coque qui peuvent cacher des armes. Observe la trajectoire d'approche pour voir si la vitesse est dans les normes. Regarde les tuyères pour voir si c'est toujours le moteur d'origine. Avec un peu de patience, on peut transformer n'importe quoi en petit vaisseau de guerre. Rappelle-toi que les fameux croiseurs Mon Calamari étaient à l'origine des vaisseaux de croisière de luxe.


Que la Force soit avec toi

Une autre option...    Bon voilà. Il y aurait des milliers d'autres trucs à te dire mais j'espère t'avoir donné une idée plus précise du métier afin que tu prennes ta décision. Mais si j'ai bien lu entre les lignes, tu envisages aussi une autre option. J'admets que les petits gars de la rébellion me sont aussi sympathiques qu'à toi et que l'idée de sauver la galaxie peut faire rêver. Leurs victoires, bien que rarement annoncées par les infos officielles sont connues de tous par les holos clandestins. Si tu choisis cette voie, je comprendrais, mais sache que pour un seul pilote de Aile-X, il y a une dizaine de techniciens dont on n'entendra jamais parler.


(1)Bureau officiel des Services Stellaires
(2)À celui qui me signalerait qu'il suffit de voir si le vaisseau est noir ou gris clair pour savoir si c'est de l'impérial ou du rebelle, je répondrais que quand on est en visuel, il est souvent trop tard...